Hassan Hami

Poèmes Tirés du roman : ‘’Le chant des cascades’’, 2005

Déguisement

Si les montagnes parlaient, qui les blâmerait ?

Tellement de secrets tus,

Que la neige, une fois fendue, renvoyait au terrier ;

Et toi, mon amour, tu nages dans la boue,

En croyant m’épater avec ton déguisement.

Amlou

Ta mère écrase toujours les amandes,

Et de sa sueur, elle arrose l’amlou

Demain, nous nous y baignerons 

Les vieux ont déjà donné leur bénédiction.

Vœux pieux

Toi, mon amour, tu veux souffler ma mémoire

Je hanterai tes rêves, désormais…

Tu quémanderas sans cesse un pardon,

Que je suis incapable de t’accorder !

Insomnie

Depuis l’éternité, je ne dors plus, maman

Si tu savais, maman, combien cela est dur !

Les enfants racontent chaque matin, leurs rêves ;

Et moi, je n’ai que mon insomnie à raconter.

Embryon

J’attends de voir naître l’embryon de moi

Si cela devait arriver demain,

Je souhaiterais que ce ne soit pas l’émoi

Qui aura forcé la main du destin.

Bienvenus !

Soyez les bienvenus, vous qui arrivez de nulle part !

Si la montagne vous fait peur le matin,

Attendez de voir la meute du soir 

Ne riez pas des oiseaux dont les ailes brûlées

Donnent de l’appétit au forgeron du coin 

Il sait désormais que le Souk est pour demain.

Balance

Qu’attendez-vous pour nous rejoindre ?

Sur les traces des ancêtres, on n’a rien à craindre 

La balance est une affaire de mesure 

Crois-le ou végète dans l’usure !

Vérité

Il n’y a pas de vérité que sa propre vérité 

Hier, aujourd’hui et pour l’éternité

Combien de fois la langue a glissé

Sur une toile de certitudes bien tissée.

 Agonie

Reprenez-vous ! Vous, qui nagez piètrement avec le courant 

Ne percevez-vous jamais la douleur dans l’œil d’un mourant 

Combien de blessures faut-il pour que coule le sang ?

N’est pas forcément savant celui qui connaît par cœur sa leçon.

Limites

Si tu tends la main au-delà de ta tête,

Le vent furieux, cruellement, la coupera

Les charognards de service feront ta fête,

Tu imploreras les astres, personne ne t’écoutera.

Insignifiant

Les anges te protègent, et tu n’en as cure

Tu apprendras bientôt à faire dans la mesure 

Ce n’est pas parce qu’il ne pleut pas qu’il y a sécheresse

Mais parce que toi, insignifiant, adores la détresse.

Espoir

Je reviens, maman, de loin ; de très loin !

Nulle part n’existe plus limpide que ton soin !

Même si le lait abandonne tes seins,

Ils me feront chaque jour plus de bien.

Retour

Que tu aies tort ou que tu aies raison,

Tu retourneras fatalement à la maison.

Cruel sera le vide qui soufflera dans l’air 

Tu tourneras en rond et tu coucheras par terre.

Ainsi va la vie pour tous les vagabonds

Destin de rêve et choix moribonds.

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