Comment peut-on se poser la question de l’utilité des reconnaissances internationales de la marocanité du Sahara, fussent-elles de la part d’Israël? Petite leçon de choses, et de la géopolotique du monde, de l’Afrique et du Monde Arabe par Hassan Hami, ancien diplomate.
Des discussions anodines autour d’une tasse de café, il y en a tous les jours. Les thèmes varient en fonction de l’humeur de l’instant et des attentes des interlocuteurs. Mais il y a des discussions qui laissent pantois. Les interlocuteurs ne sont pas des gens qui sont tombés de la dernière pluie. Ils ont un capital de connaissances et de savoir-faire respectable. Pourtant, il arrive qu’ils sombrent dans le délire de l’analyse à tout crin sans, chemin faisant, mettre de garde-fous. C’est ce qui s’est passé récemment à l’occasion de retrouvailles entre amis qui ne s’étaient pas vus depuis des mois.
Une question surprenante : quels dividendes le Maroc aurait-il obtenus de la série de reconnaissances de sa souveraineté sur les Provinces du Sud ? Et pourquoi le crier haut et fort ? Le sous-entendu de la question au début était de savoir si le Maroc aurait dû ne pas accepter la reconnaissance d’Israël, maintenant que Tel Aviv est critiqué (et condamné) pour les actes commis dans la bande Gaza et en Cisjordanie ? Une question à sens unique qui devient plus claire au fur et à mesure de la discussion. La poser dans le sens inverse risquerait de soulever un tollé. Une question subsidiaire: la reconnaissance des États-Unis ! Et après ? La reconnaissance de la France ? Importe peu ! La reconnaissance espagnole? Que dalle !
De quoi s’agit-il ? Il s’agit de l’entretien d’une mémoire amnésique, de l’affichage d’un comportement perdu entre les convictions idéologiques intrinsèques à chacun des interlocuteurs et la réalité du temps géopolitique.
Cela rappelle la précipitation de certains experts marocains vivant à l’étranger au lendemain de la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara -dit occidental- en décembre 2020. Ils sont montés au créneau pour minimiser l’impact de cette reconnaissance en se glissant dans les labyrinthes du droit et de l’effectivité. La suite des évènements a mis un peu d’eau dans leur breuvage.
L’Algérie a livré deux guerres au Maroc en 1976 et les a perdues
De la crainte de perdre des actions dans le fonds de commerce intellectuel que ces personnes respectables gèrent à l’autoflagellation et au déni, il n’y a qu’un pas. Question : est-ce que les reconnaissances règlent définitivement le problème du Sahara sans passer par les Nations unies ? Personne ne le prétend, à commencer par le Maroc. Est-ce que le droit doit primer ? Naturellement. Est-ce que la coopération des autres parties au conflit est incontournable ? Absolument. Et si la partie principale, en l’occurrence l’Algérie, refuse ? Sans problème. Comment ça, sans problème ? Que l’on médite les arguments suivants:
Le Maroc a récupéré son Sahara en 1975, c’est ce qui compte. L’Algérie lui a livré deux guerres à Amgala en 1976 et elle les a perdues. Une armada de pays africains hostiles, des armements et des conseillers militaires émanant des pays dits socialistes ou communistes, une retenue inexplicable des pays arabes -dits amis- et une complicité flagrante de l’Espagne, de l’Algérie et de la France (plutôt soucieuse de l’avenir de la Mauritanie), tout cela n’a pas fait plier le Maroc.
Rappelons des faits tangibles aux amnésiques
L’idée sous-jacente de l’un des interlocuteurs est la suivante : puisque le Maroc est sur le terrain, il n’a pas besoin de toutes ces reconnaissances pour continuer à développer les Provinces du Sud et à renforcer sa légitimité historique, politique et juridique. Une observation judicieuse, sauf que l’idée insidieuse que l’interlocuteur souffle entre deux gorgées de thé à la menthe est la suivante : le Maroc n’aurait pas dû accepter la reconnaissance de sa souveraineté par Israël. Rien que cela.
Qu’il me soit permis donc de rappeler des faits tangibles aux amnésiques ; ceux-là qui se vantent d’avoir une double allégeance, nationale et transnationale. Il est sidérant que quand l’allégeance nationale entre en conflit avec l’allégeance transnationale, ils n’hésitent pas à choisir cette dernière. C’est leur droit le plus légitime, sauf qu’ils se doivent de ne pas sombrer dans la schizophrénie politico-diplomatique.
Selon les pères fondateurs du communisme, la lutte des classes est structurelle, mais la conscience de classe ne l’est pas. Les partisans de l’exégèse scolastique développent presque le même argumentaire en fermant les yeux sur les questions qui interpellent leur référentiel idéologique. Les indifférents, qui jouent la neutralité bienveillante, cultivent l’agacement. Quelles que puissent être les convictions idéologiques, elles ne peuvent éternellement tenir la route si elles végètent dans le dogmatisme.
Or, l’analyse politique (sans prétention ou fanfaronnade de ma part) nécessite d’avoir des repères et du recul raisonnables qui tiennent compte du contexte et du timing se rapportant aux séquences pre-decision, decision in progress et post-decision. Le but est de défendre l’intérêt national dans son sens communautaire, culturel, sécuritaire et stratégique.
Intelligence de l’instant et anticipation préventive
Le Maroc ne déroge pas à la règle qui veut que l’intelligence de l’instant et celle de l’anticipation préventive aillent de concert. Il n’y a pas d’éthique en politique dans le sens géopolitique du terme. Il y a des opportunités à saisir, car la vulnérabilité et la sensibilité – pour reprendre le paradigme de “l’interdépendance complexe” cher à Robert Keohane et Joseph Nye – rôdent dans les espaces à haut débit conflictuel et elles ne font pas dans la dentelle.
Le Maroc a négocié son indépendance en étant malmené entre la vulnérabilité et la sensibilité. Il a obtenu ce qu’il pouvait obtenir en jouant sur le temps pour clarifier le jeu sur le plan interne et international. La naïveté diplomatique du Maroc aurait été préméditée pour permettre aux acteurs politiques de voir plus clair dans ce qui allait advenir durant les premières années post-indépendance.
La situation intérieure était confuse et les acteurs en présence travaillaient sur le passage du temps-mort imposé par les aléas de la transition du statut de protectorat au statut d’État indépendant maître de son destin. Cependant, cette naïveté, pour ainsi dire, fut de bonne foi en direction des acteurs nord-africains.
Les promesses faites par les participants à la Conférence de Tanger en 1958 regroupant les trois mouvements de libération nationale (Algérie, Maroc et Tunis) n’ont pas été respectées, et encore moins l’engagement de régler la question du Sahara oriental au lendemain de l’indépendance de l’Algérie. La Tunisie, pour sa part, a vite fait de reconnaître l’indépendance de la Mauritanie en 1960.
À l’occasion de la Guerre des Sables de 1963, même les moins avertis en politique se sont interrogés sur l’alliance sacrée entre des pays arabes pour, non seulement soutenir l’Algérie (choix souverain), mais aussi tenter de changer le régime au Maroc. Ce furent des choix conscients de la part de ces pays.
Habib Bourguiba, qui avait soutenu l’indépendance de la Mauritanie, a refusé d’adhérer au projet d’union regroupant l’Algérie, la Libye et la Tunisie à l’occasion du Sommet du Kef en 1972, à moins que la question des frontières de son pays rattachées à l’Algérie et la Libye par la France et l’Italie durant le protectorat ne fût résolue. Il a tenu à rappeler qu’il avait formulé la même demande à la France en 1959, justement, une année après la tenue de la réunion de Tanger de 1958.
Ce fut sans détours l’expression du réalisme politique. Quand un pays comme le Mali reconnait la pseudo-rasd en 1980, le Président Moussa Traoré prétend que son pays avait les mains liées en raison de la question des Touaregs et celle des frontières nord avec l’Algérie. Quand la Mauritanie se retire d’Oued Eddahab et signe un accord de paix avec le polisario en 1979, elle évoque la question de la sécurité nationale, alors que la décision était motivée par des considérations tribales et politico-diplomatiques au moment où la France n’avait pas réussi à faire accepter son plan Sahara demain –SAD– consistant en le partage du Sahara entre le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie et le polisario.
Le Maroc s’est souvent retrouvé seul dans la défense de la cause nationale
Toutes ces positions ont été motivées par le réalisme politique, le pragmatisme diplomatique et l’ascendant géopolitique. Le Maroc se trouvait seul, comme il l’avait été à Nairobi en 1982, quand, dans un geste de pertinence géopolitique, feu le Roi Hassan II a proposé l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara au moment où des grèves importantes se déroulaient au pays.
Une situation dangereuse qui affaiblissait la position marocaine à l’époque. Deux ans après, l’Algérie conclut des accords sur les litiges frontaliers avec le Mali, la Mauritanie, le Niger et la Tunisie. Dans la foulée, l’Algérie, la Tunisie et, plus tard, la Mauritanie signent le Traité de Fraternité et de Concorde.
L’Algérie finit, une année plus tard, par obtenir ce qu’elle voulait : l’admission de l’entité autoproclamée (rasd) au sein de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) grâce à la complicité du Secrétaire général de cette organisation, à l’époque, Edem Kodjo. Le Maroc n’avait de choix que de tenter une alliance contre-nature avec la Libye en créant l’Union arabo-africaine en 1984. Le Maroc se trouvait seul.
Le Maroc se trouvait encore seul en 1979-1980 quand les États-Unis, sous l’administration Jimmy Carter, et sous la pression de sénateurs qualifiés de faucons au sein de la Commission des affaires étrangères du Sénat, refusaient de lui vendre des armes pour se défendre. Il faisait face aux attaques du polisario soutenu par l’armée algérienne et des conseillers (et combattants) venant des pays européens de l’Est, de Cuba, du Yémen du Sud, etc. Le Maroc n’était pas habitué à la guerre de guérilla. Qui étaient alors ces rares pays qui par moult artifices fournissaient des armes au Maroc ? Il faut bien se poser la question…
Le Maroc était toujours seul. Pendant des décennies, le soutien que des pays arabes exprimaient à sa cause saharienne était, dans la plupart des cas, esthétique et cosmétique. En 1974, quand le Maroc a demandé à l’Assemblée générale des Nations unies l’adoption d’une résolution demandant à la Cour internationale de Justice de donner son avis sur la question du Sahara, il était à deux doigts de perdre la partie. C’était une demande urgente car le Maroc voulait empêcher que l’Espagne n’organise un référendum d’autodétermination dans le but de maintenir sa présence par l’artifice de l’autonomie ou celui du rattachement via une entité fantôche
En effet, des pays arabes dits alliés du Maroc ont été, entre autres, sur le point de s’abstenir. Il fallait que le chef de la délégation marocaine use de toute une gymnastique diplomatique pour obtenir gain de cause. Curieusement, il joignit ses efforts avec le représentant mauritanien (jusqu’alors hostile au Maroc) pour obtenir gain de cause. Une résolution (3292 XXIX) est adoptée dans ce sens au grand dam de l’Algérie et de l’Espagne.
Le Maroc était toujours seul… Ce sont des pays arabes encore qui ont soit manœuvré soit fermé les yeux sur les agissements, entre autres, de l’Algérie, de l’Afrique du Sud, du Nigéria, de la Syrie à l’occasion des négociations préalables à la signature du Traité de Pelindaba en 1996 sur l’interdiction des armes nucléaires en Afrique. Ils ont été à deux doigts d’accepter la présence, sous une forme ou une autre, de la pseudo-rasd lors des phases préliminaires des négociations.
Ce sont ces mêmes pays qui ont adopté une position indifférente quand l’ancien Secrétaire général de la Ligue des États arabes, Amr Moussa, a essayé d’inclure la question du Sahara dans l’ordre du jour des travaux de cette organisation au niveau ministériel (2005 et 2006).
La manœuvre était dangereuse dans la mesure où elle intervenait après la reconduction de la pseudo-rasd, en tant que membre de la nouvelle Union africaine (2002). L’Algérie, qui a intelligemment réussi à confectionner un drapeau de cette entité artificielle identique à celui de la Palestine en introduisant au milieu un croissant et une étoile, souhaitait faire échec et mat au Maroc en donnant une légitimité au qualificatif “arabe” dans l’appellation de l’entité autoproclamée.
Amr Moussa jouait le fin-diplomate pour échapper aux pressions algériennes selon lesquelles le poste du Secrétaire général doit être tournant et non plus être monopolisé par l’Egypte et que (éventuellement) le siège de la Ligue des Etats arabes soit transféré en Tunisie ou dans un autre pays arabe.
Maintenant, les pays membres de l’Organisation de la Coopération islamique (nouvelle appellation depuis 2011, précédemment appelée Organisation de la Conférence islamique, OCI). L’idée remonte à 1969, année où feu le Roi Hassan II a convié la première conférence islamique à Rabat, à la suite de l’incendie de la mosquée Al-Aqça par des extrémistes israéliens. Chemin faisant, le Maroc reconnait l’indépendance de la Mauritanie.
Certes, cette reconnaissance était destinée à joindre les efforts pour la récupération du Sahara dit espagnol, mais elle a aussi poussé le Maroc à faire un autre sacrifice par la signature du Traité de Fraternité, de Bon Voisinage et de Coopération avec l’Algérie en 1969, balisant le terrain à la signature de la Convention sur les frontières en 1972.
L’OCI est donc née en 1969 et prend forme en 1972 à Djeddah. Que feront certains pays islamiques, notamment arabes, quatre décennies plus tard ? Ils appuient dans leur grande majorité l’initiative du Secrétaire général de l’époque, Ekmeleddin Ihsanoğlu (2005-2013), de nationalité turque, dans son effort de réformer la Charte de l’Organisation panislamique. Bonne initiative ? Pas tout à fait, l’objectif était, entre autres visées, de jouer sur les principes de l’autodétermination et de l’intégrité territoriale, une manœuvre nuisible aux intérêts du Maroc.
Or, Ihsanoğlu servait en fait un agenda encore plus ambitieux : le retour en force de Türkiye au Moyen-Orient pour jouer le rôle qui lui a été assigné dans le cadre de l’Islam politique façonné par ceux qui allaient, deux ans plus tard, bénéficier du Printemps arabe. Mieux, Ihsanoğlu tentait d’assouplir la procédure d’admission des États dits observateurs et, chemin faisant, faciliter la transformation de l’État chypriote turc passant du statut de pays membre observateur à celui d’État membre à part entière.
La Palestine maintenant. Et pourquoi les responsables palestiniens, à tous les niveaux de responsabilité, à Gaza comme à Ramallah et bien avant, n’ont jamais dénoncé le fait que leur lutte légitime soit amoindrie et que l’âme de leur drapeau soit entachée comme elle l’a été par les Algériens ? Pourquoi ne se sont-ils jamais offusqués de prendre des photos de famille dans des conférences organisées par l’Algérie aux côtés des responsables du polisario ?
Peut-on oublier l’image de Yasser Arafat serrant chaleureusement la main de Mohamed Abdelaziz, à l’occasion de la 19e Session extraordinaire du Conseil national palestinien ayant débouché sur la déclaration de l’indépendance de l’État de Palestine en 1988 ? Le message a été on ne peut plus clair.
Peut-on fermer les yeux encore sur l’image du chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas Abou Mazen, assis à côté de Brahim Ghali (et du Président tunisien Kaïs Saied, de la Présidente de l’Ethiopie, du Président du Congo-Brazzaville et du Niger) à l’occasion de la célébration du soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie en 2022 ?
Justement, le Président Kaïs Saied qui a reçu en pompe, Brahim Ghali à l’occasion de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TIGAD) qui a eu lieu en août 2022, sous prétexte que les invitations ont été adressées par la Commission de l’Union africaine et le Japon. Une information démentie sur le champ par le Ministre des affaires étrangères nippon.
En fait, le chef de l’État tunisien a fait un choix politico-diplomatique clair qu’il a confirmé en s’inscrivant dans une politique d’axes maghrébin mort-née, en marge d’une conférence sur le gaz abritée par l’Algérie (mars 2024). Des tentatives pour clarifier les choses avec le Maroc seraient en cours ; encore une fois, des opportunités politico-diplomatiques se présentent et il appartient aux décideurs éclairés de les saisir.
Revenant au Président Mahmoud Abbas. Il est vrai que lors de la cérémonie de célébration précitée, il tournait le dos à Ghali, et était un peu embarrassé. Mais cela ne l’a pas empêché de saluer la décision du Président Abdelmajid Tebboune d’offrir à l’Autorité palestinienne un chèque de 100 millions de dollars américains comme gage d’appréciation pour avoir accepté la médiation algérienne entre l’OLP et le Hamas. Le chèque devant, de surcroît, transiter par des banques israéliennes pour être encaissé.
Il est vrai aussi que le Président Mahmoud Abbas avait toujours salué l’engagement du Maroc aux côtés des Palestiniens en refusant dans un discours aux Palestiniens que l’on exploite la cause palestinienne à des fins politiciennes ou diplomatiques. Dans les deux cas, le dirigeant palestinien a fait montre de réalisme et d’opportunisme politique.
Peut-on accepter les excuses, pour la énième fois présentées par l’ambassadeur représentant de Palestine à Genève qui a assisté par deux fois à des réunions de soutien au polisario conjointement organisées par l’Algérie et l’Afrique du Sud ? Certes, les Palestiniens se trouvent entre le marteau et l’enclume, entre la vulnérabilité et la sensibilité évoquées plus haut, pourtant, ce sont bien des Palestiniens qui ont participé à des négociations secrètes avec les Israéliens pour trouver une solution au conflit israélo-arabe avant et après la conclusion des accords d’Oslo en 1993, passant par la Conférence de Madrid sur la paix au Moyen-Orient en 1991.
Et ce sont les Palestiniens qui ont raté l’occasion d’avoir plus de quatre-vingt-dix pour cent (90 %) de la Cisjordanie, y compris Jérusalem Est et la bande de Gaza, à la suite de la conclusion de l’accord de paix entre l’Egypte et Israël en 1979. Certains diraient qu’ils étaient certains qu’Israël n’allait pas respecter ses engagements. Et ce sont les Palestiniens qui ont résisté, à juste titre, à l’offre ridicule qui leur avait été faite sous l’administration Clinton à Camp David et à Sharm El-Sheikh, en 2000.
Ce sont-là des exemples de décisions prises dans des contextes différents, mais qui dénotent que le réalisme doit prévaloir et que la politique ne peut pas se faire selon le choix entre les paradigmes Joint survival et Bitter end.
Et c’est le peuple palestinien dans les territoires occupés qui souffre des dissensions inter-palestiniennes et des alliances-allégeances contradictoires de ses formations politiques et mouvements armés qui leur sont inféodés. Ce qui se passe là-bas est terrible et inacceptable, mais le bout du tunnel passe par les négociations, les médiations et surtout par le pragmatisme et le réalisme politique. Les Palestiniens se trouvent souvent seuls. Comme le Maroc l’a été, depuis 1767 et 1884, dates sources de tous les subterfuges et stratagèmes véhiculés par les historiens et politiciens occidentaux, notamment espagnols autour de ses frontières sud.
Acceptation de l’acceptable et gestion du temps pour le reste
Dans ses efforts inlassables en vue de parachever son intégrité territoriale, depuis 1956, le Maroc a été seul. Le Maroc a failli tout perdre en 1963, quand il a été forcé de mettre fin à son incursion dans la région de Tindouf, Touat, Knadssa et Bachar, à la suite d’une confrontation qui lui a été imposée par des dirigeants du Front de Libération nationale algérien revenant sur leurs engagements pris en 1958 et 1961.
La France redoutait que la récupération du Sahara oriental par le Maroc ne fasse échouer son programme d’essais nucléaires dans cette partie du Sahara (qui a continué jusqu’à 1966-1967). Une promesse faite par les dirigeants algériens en contrepartie d’une indépendance conditionnelle. La France craignait également qu’une victoire potentielle du Maroc ne l’encourage à tenter de récupérer la Mauritanie par la force ou à mettre en difficulté le consensus fragile sur l’intangibilité des frontières qui sert ses intérêts dans ses anciennes colonies.
La question de la lutte des classes et de la conscience de classe (Karl Marx et Friedrich Engels) correspond à celle de l’intellectuel organique (Antonio Gramsci) face à l’intellectuel conservateur. Que doit-on privilégier dans la lutte pour le pouvoir : le national ou le transnational? L’allégeance patrimoniale ou l’allégeance fonctionnelle ? L’instauration de la démocratie par le haut ou par le travail à la base ? Et quel type de démocratie : démocratie consensuelle, démocratie table-rase, anarchie ou désordre programmé ?
Les décisions stratégiques ne se prennent pas du jour au lendemain. Elles sont la résultante de mois et d’années de négociations secrètes.
Tous les débats ont omis de réfléchir sur une question d’importance qui consiste dans le fait que les décisions stratégiques ne se prennent pas du jour au lendemain. Elles sont la résultante de mois et d’années de négociations secrètes. Elles sont conduites suivant la logique de l’acceptation de l’acceptable et de la gestion du temps pour le reste.
Des interlocuteurs ont évoqué la question du jeu déployé par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, en exhibant par deux fois au cours de ces trois mois la carte du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord où l’on voit le Maroc amputé de ses Provinces du Sud. Quelle signification donner à ce geste ? Provocation ? Révocation de la reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur cette partie du territoire national ? Pressions pour des desseins inavoués ? Questions légitimes, mais d’une naïveté déconcertante.
La question de la carte du Maroc n’est plus un souci, comme le fait d’appeler le Sahara marocain, Sahara occidental marocain ou Provinces du Sud (H. Hami, Algérie : Entêtement diplomatique et lecture erronée du temps géopolitique, Médias24, 26 août 2024).
Il existe une région appelée Sahara occidental en Égypte. Les lecteurs se rappellent peut-être l’anecdote d’un diplomate algérien qui est allé faire une démarche auprès du ministère égyptien des Affaires étrangères pour protester contre l’intention d’hommes d’affaires égyptiens de faire des investissements au Sahara occidental. Il est tombé des nues en apprenant qu’il s’agissait du Sahara occidental égyptien. L’appellation est géographique comme celle du Sahara occidental marocain ; comme celle du Sahara oriental ou du Sahara méridional, etc.
La naïveté vient du fait que les gens ne prennent pas du recul par rapport à des décisions politiques et diplomatiques revêtant une importance stratégique indéniable. En effet, la déclaration tripartite États-Unis-Israël-Maroc s’inscrivait également dans la droite ligne du processus de paix israélo-palestinien. Le Roi du Maroc a tenu à téléphoner au Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas Abou Mazen, l’informant de la décision marocaine, du contenu de la déclaration et l’assurant du soutien du Maroc aux droits légitimes du peuple palestinien.
Si le geste du Premier ministre israélien était une forme de pression de quelque nature que ce fût, il aurait refusé d’autoriser l’acheminement, deux fois de suite, de l’aide marocaine aux Palestiniens dans la bande de Gaza par voie terrestre ; le Maroc étant le seul pays qui a bénéficié de cette possibilité. Du côté palestinien, le rôle joué par l’Agence de Bayt Mal al-Qods, dont quatre-vingt-dix pour cent du budget (90 %) sont assurés par le Maroc, aurait été mis en difficulté ou carrément récusé. Il n’en fut rien.
Question subsidiaire : pourquoi on reproche au Maroc d’avoir accepté de rétablir ses relations diplomatiques avec Israël et on ne le fait pas pour les autres pays – ou du moins pas de la même virulence et parti pris ? Pourquoi fermer les yeux sur le fait que depuis les années 1959, le Maroc a été un acteur important dans les initiatives cherchant à trouver une solution au conflit arabo-israélien ?
Pourquoi faire l’impasse sur le fait que quatre pays arabes avaient ouvert des bureaux de liaison à Gaza et à Tel Aviv en 1994, à la suite de la conclusion des accords d’Oslo en 1993 ? Ces bureaux ont été transférés à Ramallah quand l’Autorité palestinienne a transféré son gouvernement en Cisjordanie ? Ces représentations ont été fermées par décision de la Ligue des États arabes, à la suite du déclenchement de la seconde intifada palestinienne (2000-2005) et du refus d’Israël de l’offre de paix arabe réitérée à l’occasion de la Conférence arabe au Sommet à Beyrouth en 2002.
L’entêtement analytique est pire que le dogmatisme. Pourquoi on fait l’impasse sur le fait que tous les pays arabes, sans exception, reconnaissent de facto l’existence d’Israël. Cela remonte à 1982 à travers ce qui avait été appelé à l’époque le Plan Fahd (du nom du prince héritier saoudien à l’époque, l’Emir Fahd bin Abdelaziz Al Saoud).
Cette reconnaissance a été entérinée, comme cité plus haut, par le Sommet de Beyrouth en 2002. Pourquoi ne pas reconnaître le fait que les Palestiniens ont accepté (ou été forcés) de s’engager dans les négociations d’Oslo en 1993, parce qu’ils se sont sentis exploités par certains pays arabes soucieux d’exécuter des agendas internes et externes en envoyant les Palestiniens paître?
Pourquoi ne pas admettre enfin que la tragédie qui se déroule dans la bande de Gaza et en Cisjordanie a été influencée par des acteurs étrangers à la vraie cause palestinienne? Ces derniers ont augmenté la pression sur les Palestiniens quand ils se sont aperçus que le processus de normalisation avec Israël allait les priver de (ou mettre fin à) leurs ambitions géopolitiques dans la région.
Certes, il y a aussi le rôle des faucons en Israël, des intransigeants en Palestine et des intérêts divergents au sein de certains centres de décision aux États-Unis, en Europe et chez certains pays arabes ; mais cela sentait clairement la manipulation parfaite.
Pourquoi le Maroc et pas les autres pays arabes du Golfe, l’Égypte ou la Jordanie ? Pourquoi, quand les Frères musulmans ont accédé au pouvoir en Égypte en 2012, ils n’ont pas rompu les relations avec Israël ? Et la médiation de l’État du Qatar et de l’Égypte dans la crise actuelle à Gaza ? Elle est faite entre qui et qui ? Et cette image lors des obsèques de feu le Roi Hassan II, en juillet 1999, où l’on voit le Président Abdelaziz Bouteflika discuter avec le Premier ministre israélien Ehud Barak avec la promesse, croirait-on à l’époque, d’étudier la possibilité de travailler à normaliser, au grand jour, les relations entre Alger et Tel Aviv.
Justement, le Président Abdelaziz Bouteflika, qui a leurré une partie de la classe politique marocaine qui émettait l’espoir qu’il allait travailler à trouver une solution négociée avec le Maroc sur la question du Sahara. À peine installé, il s’en alla aux États-Unis proposer le partage du Sahara entre le Maroc et le polisario lorsqu’il a été reçu à Houston en 2002, par l’Envoyé Personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara, James Baker. Il aurait promis, dans la foulée, un don au James Baker III Institute for Public Policy-Rice University. Une offre qui n’aurait pas été acceptée. Mais déjà Bouteflika sentait que James Baker glissait à petits pas vers les préférences algériennes sur la question du Sahara. Il devait se rendre à l’évidence, après la démission de ce dernier, en 2004.
Le Maroc a toujours été seul. Mais le Maroc sait faire la part des choses. Il comprend la situation délicate dans laquelle se trouvent des pays comme la Mauritanie ou le Mali, soumis à des pressions ininterrompues de l’Algérie et d’autres pays partageant les mêmes convictions anti-marocaines. Il laisse le temps au temps. Il le laisse comme il l’a fait avec l’Espagne et la France. Et il continue de le faire tout en maintenant la vigilance au niveau requis.
Et l’histoire des consulats ouverts à Laâyoune et à Dakhla, quels dividendes se demandent certains ? Il me vient en tête le souvenir de ces pays qui ont ouvert des consulats à Arbil dans le Kurdistan irakien à partir de 2013, en prévision de la tenue du référendum d’autodétermination en 2017.
Tout le monde était convaincu que l’issue était prévisible et que le Kurdistan irakien serait bientôt un État indépendant. La géopolitique a changé quand le processus initié par le Printemps arabe a été interrompu. Rebelote, on recommence. Les élections démocratiques dans les territoires palestiniens, quelques années plus tôt, ont amené au pouvoir le Mouvement Hamas (2006). Victoire travaillée, préparée et attendue, mais pas au point d’affaiblir totalement l’OLP (et l’Autorité palestinienne). On recommence. Les Frères musulmans en Égypte se sont crus en position d’agir comme des électrons libres dans un échiquier stratégique réglé à la montre par des décideurs internationaux. Pas question de changer le script. Rebelote donc.
What kind of question is that?
Et les bureaux de liaison arabes dans la bande de Gaza et à Ramallah, au lendemain des accords d’Oslo, déjà évoqués plus haut. Quelles lectures en faire ? Toutes les représentations diplomatiques citées ont été ouvertes dans le strict respect de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques (1961) et de la Convention de Vienne sur les relations consulaires (1963).
Et puis le Maroc décide de prendre le taureau par les cornes. Seul, certes, mais avec une démarche bien réfléchie : faire l’état des lieux en Afrique, des tournées royales avec des projets clairs et une politique transparente. Les citadelles du mensonge de ses adversaires et leurs alibis hypocrites tombent les uns après les autres.
Que voulez-vous, demande le Maroc à ses interlocuteurs africains ? Et certains, conscients du changement géopolitique qui est en train de se produire, prennent le train en marche. Ils se rappellent, bien que le Maroc ait quitté l’OUA en 1984, qu’il avait travaillé à maintenir les relations bilatérales au même niveau et même en les développant davantage.
Vers la fin des années 1980 et le début des années 1990, le Maroc accélère la cadence. L’Algérie sombre dans une guerre civile et l’Union du Maghreb arabe était née (1989). Le système international était encombré par le début de la décomposition de l’URSS. En 2017, le Maroc scelle son retour au sein de l’Union Africaine. Il se sent plus à l’aise maintenant. Ses adversaires broient du noir.
Ensuite,le Maroc conscient que les pays arabes ne peuvent pas le soutenir ouvertement sans provoquer l’ire de l’Algerie, décide que la représentation aux Sommets arabes se fasse dans la présence personnelle du Roi. Toutefois, le Maroc est resté sur ses gardes pour ne pas laisser la main libre aux Algériens de reprendre leur stratégie de faire admettre leur entité-apendice au sein de l’Organisation panarabe. Le Maroc a vu juste, car la dernière tentative en la matière a été le 31e Sommet arabe d’Alger en 2022 qui a accouché d’une souris, avec une présidence algérienne de huit mois (8), jamais enregistrée dans les annales de la diplomatie moderne avant de passer le témoin, lors du 32e Sommet tenu en Arabie Saoudite (2023).
Le Maroc encore qui prend ses responsabilités quand il y a eu une crise grave entre certains pays arabes membres du Conseil de coopération du Golfe en 2017. Il décide de ne pas prendre parti contre le Qatar, quitte à irriter l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis.
Un an auparavant, le Roi Mohammed VI avait prononcé un discours prémonitoire à l’occasion du Sommet Maroc-Pays du Golfe à Ryad en 2016. Dans ce discours, le Roi a énuméré les dangers qui guettaient le monde arabe. Ces dangers étaient notamment les tentatives de “changement de régimes et de partition des États” (Syrie, Libye, Irak) et l’esquisse de “nouvelles alliances” ambitionnant la création du désordre et “la redistribution des cartes” sans faire de distinction aucune entre pays cibles. Cela s’appelle avoir une visibilité et une vision. Du réalisme politique tout court.
En matière de réalisme politique, des exemples pour remplir des jarres récusant les supputations légères. La visite du Président Nixon en Chine en 1972 pour asseoir des relations plus ou moins amicales entre les États-Unis et la Chine. La perestroïka et la glasnost de Mikhaïl Gorbatchev en 1989-1990 quand ce dernier s’est aperçu que son pays allait perdre plus qu’il n’en gagnerait en se figeant dans une idéologie qui avait fait son temps. Gorbatchev l’a regretté un peu dans ses Mémoires (1996), mais il avait fait le choix qui s’imposait à l’époque. La Chine, tout en restant intraitable sur la question de Taiwan, permet aux Chinois de l’île d’être parmi les principaux investisseurs à Shanghai.
L’Union européenne, bien que traversant présentement des moments difficiles sur le plan des rapports de force, n’aurait pas été possible sans l’entente franco-allemande et la coopération du Royaume-Uni (avant le Brexit, 2016). La France et l’Allemagne ont enterré des décennies d’animosité dont les séquelles jonchent encore la mémoire collective des deux peuples (L’Alsace-Lorraine, La Sarre, et l’occupation de Paris etc.).
Alors, en dépit de tout cela, quand le Maroc gagne le pari de la persévérance et de la croyance forte en son droit légitime dans ses Provinces du Sud et agit en conséquence, les partisans des alliances transnationales s’offusquent. Ils s’offusquent parce que les prises de position basées sur l’idéologie au détriment du réalisme politique commencent à perdre de leur superbe. Ils s’offusquent parce qu’ils croient que la diplomatie se fait seulement à la carte et que n’importe quel néophyte, même de bonne foi, peut la façonner à sa guise.
Il fut un temps où l’Algérie se targuait d’avoir réussi à faire reconnaitre l’entité autoproclamée par soixante-dix (70) pays, y compris des pays dont personne n’entendait parler dans le voisinage maghrébin. Moins de vingt pays africains seulement maintiennent leur reconnaissance, y compris ceux qui observent une neutralité positive favorable au Maroc.
Aujourd’hui, les reconnaissances de cette entité se réduisent comme peau de chagrin. Le nombre des reconnaissances de la souveraineté du Maroc augmente. Ceux qui appuient ouvertement le Plan d’autonomie et reconnaissent de facto la souveraineté marocaine sur le Sahara avoisinent 109. Ceci en plus de ceux qui n’ont jamais reconnu le Polisario ou la pseudo-Rasd.
Effectivement, le nombre compte. C’est par le nombre, dans des conditions dramatiques, que la pseudo-rasd a été admise au sein de l’OUA en 1984. Ironie du sort, c’est par le nombre qu’il devient impératif qu’elle quitte l’Union africaine.
Le nombre le sera encore davantage aux Nations unies pour que la question du Sahara -dit occidental- soit retirée de la liste des conflits inscrits sur l’ordre du jour annuel de la Quatrième Commission ou débattus à l’Assemblée générale, maintenant que cette question se trouve exclusivement entre les mains du Conseil de Sécurité. Le nombre compte… Il compte toujours.
Le nombre encore et toujours : et le nombre de soldats marocains et de civils tués par le polisario et l’armée algérienne depuis 1976-1991 ? Pourquoi ne pas donner de crédit aux anciens membres du polisario qui ont regagné le Maroc et ont révélé des vérités sur les vrais commanditaires du mouvement outre que les Algériens ? Et le nombre de 45.000 familles expulsées d’Algérie en 1975 en représailles contre l’organisation de la Marche Verte ? Et le feuilleton de Gdiem Izik et les victimes parmi les éléments des forces marocaines de maintien de l’ordre, qui étaient désarmés ?
Et cette question que j’ai souvent entendue ces derniers temps : comment peut-on accepter qu’un État créé de toutes pièces en 1948 en Palestine puisse être cité parmi les pays ayant reconnu la souveraineté marocaine sur ses Provinces du Sud ?
On peut retourner la question en s’interrogeant comme suit : comment permettre à un État qui a été créé de toutes pièces par la France en 1962 (l’Algérie) de faire le bon et le mauvais temps au Maghreb et pousser l’absurde jusqu’à tenter de donner naissance à une entité autoproclamée en 1976 ?
Une démarche destinée à réaliser un rêve déjà exprimé en 1966 devant l’Assemblée générale des Nations unies pour – indirectement – avoir un accès à l’Atlantique en toute complicité avec l’Espagne à un moment où le Maroc était en train de gagner le pari de récupérer Sidi Ifni (1969) dont le sort était inséparable de celui du Sahara ?
Comment, enfin, ne pas s’offusquer de voir le même État s’acharner à créer un État au nord du Mali, abstraction faite de la perception que l’on se fait de la question touarègue ?
Mes interlocuteurs tomberont des nues en lisant cet article : de quoi parles-tu, cher ami ? Tu passes à côté de la plaque. Pas du tout. En politique, les apprentis sorciers brassent toujours du vent. Le clou du spectacle a le vent en poupe, tant qu’il y aura des spectateurs pour l’applaudir.
La question de la Palestine sera résolue le jour où elle ne serait plus un fonds de commerce, ni pour des États en souffrance d’impact sur l’échiquier diplomatique et géopolitique, ni pour les orphelins de la guerre froide, et encore moins, pour les nostalgiques de l’universalisme idéologique qui ne trompe plus personne à l’ère de la révolution des technologies de l’information.
Le Maroc a attendu plus de cinq décennies pour faire entendre raison à ses adversaires (sans réussir, à ce jour) et obtenir sans équivoque le soutien de ses amis (toujours en stand-by pour la plupart). Tous lui ont joué des tours, posé un lapin, trahi, tout court. Ils ont fait le choix rationnel qui les mettait dans une zone confortable.
Quand le Maroc décide de se prendre en charge, les gardiens des temples idéologiques écarquillent les yeux. Ils font l’impasse sur l’histoire mouvementée d’un espace géopolitique moyen-oriental, et africain, dont une grande partie des faits tangibles a été effacée de la mémoire collective. Elle concerne la période postérieure aux VIIIe-XIIIe siècles pour le monde arabo-musulman et aux VIIIe-XVe siècles pour l’Afrique.
Encore une fois, quels dividendes le Maroc aurait-il gagné par la série des reconnaissances de sa souveraineté sur le Sahara, importe peu l’Etat qui le fait ? What kind of question is that ?